Terre énergumène
« En donnant ce titre à cet ensemble de poèmes, j’ai désiré marquer la violence à laquelle nous convie une existence vouée à la mort, mais aussi aux révélations d’un accord avec le monde et les autres : un équilibre instable entre centre et absence, qui part des profondeurs du corps, de ses organes si souvent méconnus. “Énergumène” est proche d’“énergie” et d’“organique”, mais avec une nuance d’excès qui traduit l’aspect singulier et parfois brutal de cet engagement dans l’éphémère. Au langage de le dire avec le plus d’exactitude possible (mon anthologie personnelle a pour titre Rituel d’emportement).
Au début, le personnage de “IL” n’a de connivence qu’avec l’étrangeté et la violence, mais il reparaît page 38 pour retrouver le monde, et page 48 pour disparaître dans une forme de réconciliation avec lui. La partie “Mais les oiseaux entendent” est dédiée, dans le cadre de la ville, à une entente nouvelle avec les objets et les hommes. “Dépaysages” est plus instable, dit (parfois à travers des images empruntées aux hérésiarques) la solitude et la mort, mais trouve enfin une plénitude dans l’éphémère même. “Imprécatrice, non”, conclut, sous l’invocation d’Ulysse, dans une harmonie précaire certes, mais toujours retrouvée, souvent à travers les objets les plus minimes. »
Marie-Claire BANCQUART