Paul Verlaine
La France et la poésie, premières amours de Stefan Zweig. Dès 1900, le jeune poète des Cordes d’argent traduit des vers de Baudelaire et Rimbaud, alors mal connus dans les pays de langue allemande – à peine mieux que Verlaine, disparu en 1896. Zweig a 18 ans lorsqu’il écrit à l’éditeur français du poète pour l’autoriser à traduire les Confessions. Dès son premier séjour à Paris, en 1902, il se fera un devoir d’absorber un verre d’absinthe au café Vachette, où Verlaine avait ses habitudes, puis d’acquérir pour sa collection d’autographes un manuscrit du poète : ce seront les Fêtes galantes, acquises en 1913.
Or, comme Verlaine l’avait fait pour Desbordes-Valmore, Zweig n’a jamais rien tant aimé que sortir un poète de son « obscurité apparente ». À la demande de l’éditeur berlinois, il compose une monographie sur le poète français. Le luxueux petit ouvrage, suivi de traductions de poèmes parmi les plus emblématiques de Verlaine, paraîtra en novembre 1904.
Il est étonnant que ce Verlaine, n’ait jamais été traduit dans la langue du plus français des poètes. Plus surprenant encore, si l’on songe qu’il s’agit là du premier essai biographique de Zweig, genre auquel il consacrera dans l’entre-deux-guerres la monumentale série des Bâtisseurs du monde et lui vaudra ses plus grands succès.
Il se complète, dans la présente édition, de « La Vie de Paul Verlaine », récit purement biographique paru en 1922, en guise d’introduction à l’édition allemande des œuvres complètes du poète. On trouvera également une traduction de son texte intitulé « Arthur Rimbaud ».
Stefan ZWEIG est né à Vienne en 1881. Il a tenté de se définir en tant qu’Autrichien, juif, écrivain, humaniste et pacifiste. Profondément marqué par la montée du nazisme, il émigre dès 1934 en Angleterre, puis au Brésil. Il s’est suicidé en compagnie de sa seconde femme à Pétropolis, en 1942. Écrivain protéiforme (romans, essais, biographies, journaux, etc.), il est l’auteur d’une œuvre colossale publiée essentiellement chez Belfond, Grasset et Stock, ainsi qu’au Livre de Poche. Citons Amok, La Confusion des sentiments, La Pitié dangereuse, Vingt-quatre heures de la vie d’une femme et Le Joueur d’échecs.