Nature morte aux papillons
Coincé entre l’affection de ses parents et le confort un peu étouffant de sa relation avec sa petite amie, Vincent, étudiant en sociologie, éprouve le besoin de respirer. Nous sommes à Bruxelles dans les années 1970. Peu enclin à se lier, il ne fréquente que Nedad, un Yougoslave solitaire qui se destine à la sculpture et partage avec lui de redoutables parties d’échecs. Mais voilà qu’il rencontre Suzanne, une jeune femme libérée qui a l’air de savoir ce qu’elle veut. Lorsqu’il découvre à quel point elle se joue de lui, il la quitte et s’éloigne de Nedad, en qui il a découvert un rival. Une dizaine d’années plus tard, le sculpteur et la séductrice font un retour saisissant dans la vie de Vincent. Assistant en coulisses au dénouement d’un drame passionnel, il va se découvrir plus fragile qu’il ne croyait…
Variation amère mais teintée d’humour sur la peur d’aimer, ce roman mêle avec ironie les grandes idées et les petits riens d’une génération désorientée. La thématique sociale constitue l’un des attraits du roman. Les lecteurs qui ont eu vingt ans dans les années 1970 se reconnaîtront dans les portraits de Vincent, Suzanne, Carine et Nedad, ces jeunes Bruxellois pris entre l’idéalisme ambiant et les souffrances de leurs parents prolétaires, petits commerçants, immigrés ou réfugiés. Ils n’adhèrent ni au fanatisme de leurs contemporains, ni aux valeurs traditionnelles, avec lesquelles leurs familles respectives ont d’ailleurs déjà pris quelque distance. Les lecteurs plus jeunes s’étonneront de voir combien ce tableau préfigure étonnamment notre époque.