Je me souviens de la gauche
Préface d’Hervé Le Tellier.
Couverture de Jef Aérosol, « May Flower », pochoir et acrylique sur toile, 100 x 100 cm, 2008.
« La gauche, la gauche… Mais oui, bon sang, ça me dit quelque chose… Je vais chercher sur le net ! » Elle fait la sieste, la gauche ? Elle est dans le coma ? En est-on rendu à guetter les signes de son réveil ?
Je me souviens de la gauche assume la nostalgie d’une époque où l’on pouvait, au loin, apercevoir un horizon. Les témoins de ce « livre de valeurs », qui se sont longtemps levés de bonne heure et se souviennent collectivement de Mai 68, travestissent quelque peu le modèle de Perec. Leurs souvenirs ne sont ni intacts ni minuscules. Ils révèlent un passé singulier et commun, insignifiant et majeur. Militants de toujours et observateurs sérieusement joyeux de cet endormissement comateux de la gauche, ils ont pris leurs responsabilités. Au-delà des proclamations des néocons qui professent que le mouvement du Bon Sens a désormais dépassé la droite et la gauche, ils cherchent à comprendre ce phénomène de déshydratation politique et idéologique.
Au-delà de sa subjectivité assumée, Je me souviens de la gauche est un livre qui parlera à beaucoup. C’est celui d’une génération qui, à sa manière, en interroge une autre, plus jeune, et lui dit : « Voici ma jeunesse. Ce qui fut ma vie. Et toi, quelle est ton émancipation ? »