Les Grands Cimetières sous la lune
Préface de Michel del Castillo
Paru en 1938, ce violent pamphlet fit scandale en France à sa parution. Il condamne les exactions de la répression franquiste lors de la guerre civile espagnole et s’oppose fermement aux thèses de l’Action française. Les attitudes politiques de Georges Bernanos évoluent radicalement et il va prendre en horreur cette droite dont il semblait jusque-là figurer l’enfant turbulent. Révolté, il prend fait et cause pour les républicains et dénonce les atrocités d’un crime irrémédiable : le ralliement de l’Église espagnole au coup de force nationaliste du général Franco et la Terreur blanche cléricale. Écrivain de son temps, il n’est rien que Bernanos ne blesse ou ne dresse, qui n’appelle en lui colère et dégoût. Pourtant chrétien, monarchiste et individualiste, il offre un « témoignage de combat », qualifié de gauche, qui a vite pris une actualité extraordinaire pour se révéler une prophétie pathétique des grandes catastrophes du siècle. Et il le fait avec une éloquence chaleureuse, grondante et visionnaire. Résidant en Espagne à Palma de Majorque de 1934 à 1937, d’abord séduit par la « croisade franquiste », Georges Bernanos suit de près les événements (600 000 morts) et ne tarde pas à prendre le parti des victimes, avec compassion.