La Réinvention de l’oubli
« L’oubli et la mémoire sont également inventifs », dit Borges. « L’oubli détient le pouvoir et le sens du secret », prolonge Maurice Blanchot. C’est le point de départ de ce voyage aux sources de l’oubli. Et donc aussi de la mémoire. Un voyage où se côtoient les pionniers de l’oubli, les mythologues de l’Antiquité grecque, inventeurs du Léthé, fleuve de l’Oubli, et tous ceux qui ont bu à ses eaux. Fellini n’est pas loin non plus, quand il s’agit de redire que la mémoire est – et l’oubli aussi – une fiction parmi d’autres. Sans cesse à réinventer. S’écrivent ainsi, d’un poème à l’autre, comme s’il s’agissait du journal d’un oublieur intime, les chapitres d’une mythologie personnelle où l’éphémère, l’insecte, joue un rôle majeur, alors que les souvenirs n’y sont que des seconds couteaux. Tout cela se passe dans l’ombre, puisque la lumière, celle du jour ou des projecteurs de cinéma, est un redoutable effaceur de traces.