Jedda Blue

Ce roman et son personnage récurrent s’inscrivent dans la continuité de plusieurs autres récits du même auteur parus tant chez Gallimard, en « Série Noire », que chez «Rivages / Noir».  Ruby Sandeman, sorte d’agent secret d’occasion, a été remercié par l’agence qui l’employait. Sans le sou, il échoue vigile-chef aux entrepôts situés le long de la partie Nord-Est des boulevards des Maréchaux, à Paris. Alors dans un trou noir de son existence, il rencontre Jedda, une jeune prostituée africaine, qui vend ses charmes près des entrepôts. Entre eux naît une histoire – mais est-ce l’effet de l’imagination de Sandeman? – qui pourrait ressembler à une histoire d’amour. Sandeman se forge alors le projet de sortir Jedda de sa condition, non par morale ou commisération, mais simplement du fait que, selon lui, elle peut prétendre à mieux. N’a-t-elle pas toutes les qualités d’une danseuse ? Et Sandeman a toujours été esthète. Clandestine, précaire, elle adhère non sans prudence à son projet. Dès lors, Sandeman va se heurter, lui l’homme du monde parallèle de la politique et du renseignement, à une réalité qu’il connaît mal, celle des proxénètes africains organisés en réseaux mafieux. Il aura ainsi à défier le « protecteur » de Jedda, un certain Khider. Entre eux, en quelque sorte, ce sera à la vie, à la mort. Même si l’issue de leur joute peut demeurer énigmatique.

Par son atmosphère, ce roman (qui se situe dans la filiation de la littérature noire) est entre autres un triple hommage. Le premier au livre de Jack Kerouac, Les Souterrains, le second à l’art du cinéaste John Cassavetes, le troisième à la musique du trompettiste Chet Baker.