Frank Zappa et l’Amérique parfaite
Frank Zappa et l’Amérique parfaite apporte son point final à la biographie de Frank Zappa (1940-1993) en trois tomes, due à Christophe Delbrouck. Une entreprise monumentale dépassant largement les 1 000 pages et acclamée par la critique.
Ce dernier tome retrace la grande résurrection des années 1980 après les frasques des albums Sheik Yerboutiet Joe’s Garage, avant l’inéluctable déclin face aux pièges tendus par une industrie musicale réfractaire aux incartades atypiques du célèbre moustachu. Lassé de cette lutte incessante, Frank Zappa entame alors une action politique sans précédent aux États-Unis, celle d’un citoyen en colère. Cette bataille démesurée le mène d’abord devant le Sénat, puis au bord de l’élection présidentielle de 1992.
Zappa soulève alors méticuleusement les aberrations des politiques (Reagan et Bush), des censeurs (le PMRC) et des fous de Dieu (Jim Bakker, Pat Roberston, Robert Tilton, Jerry Falwell et Jim Swaggart). De fervents admirateurs, et non des moindres (Vaclav Havel, Sting, Matt Groening, Terry Gilliam…), vont saluer cet ultime baroud d’honneur. Dans ses derniers efforts, Frank Zappa revient à ses amours de jeunesse, la musique « sérieuse ». Avec l’aide de Pierre Boulez, puis du Modern Ensemble, il atteint son rêve transculturel le plus fameux : permettre à tous et à toutes d’accéder à la connaissance par le divertissement. La vision d’une culture musicale débridée, sauvage et belle. Rien d’autre n’aura davantage valu la peine pour ce génie musical décédé d’un cancer en 1993.