Élégies pour ma mère
Poète visionnaire, Seyhmus Dagtekin impressionne les auditeurs dans ses lectures publiques. Il imagine se faire un monde, une maison avec des mots qui ne seraient même pas les siens. Il croit au verbe, à la force instituante de la parole. Il est en quête permanente du lien fondateur entre le mot et les êtres. Élégies pour ma mère marque le lien profond qu’il entretient entre sa langue maternelle, le kurde, et sa langue d’adoption, le français. Il renoue ainsi avec le Kurdistan à travers la langue française et les sonorités du kurde. Il impose une musique unique qui défie le temps et l’espace pour défier les agresseurs et les commandeurs éternels. Ces élégies bouleversantes aux différentes figures de la mère marquent une étape capitale dans sa quête d’identité qui dépasse les frontières.
« Ce recueil est un hommage à la langue de ma mère, une tentative de revisiter les formes élégiaques de mes montagnes du Kurdistan à travers le français, dans un va-et-vient constant entre souvenirs et sonorités du kurde, ma langue d’origine, et formes et empreintes du français, ma langue d’écriture aujourd’hui. Dans ces montagnes, on sait, et maintenant depuis des millénaires, qu’il faut endurer et s’endurcir dans la parole en attendant que l’autre, l’agresseur, se fatigue, ne pouvant malheureusement pas compter sur une conscience retrouvée de l’assaillant, de ceux qui éternellement veulent rester dans la vaine gloire de commander.
En attendant alors l’épuisement des “commandeurs”, Élégies pour ma mère se propose de dire la vanité de tout “commandement” et de donner à entendre quelques couleurs qui peuvent trouver écho au-delà des querelles du présent. »
La presse en parle !
« Présence d’une parole sortant tellement de soi qu’elle témoigne pour tout un monde non pas reconstitué, mais proprement révèle à chaque instant. Ce qui est au plus près comme ce qui est au plus loin se retrouve dans le même courant des vers du poète, du plus intime au plus universel. (…) Acteur majeur d’une poésie qui tend la main, Seyhmus Dagtekin nous aide à ce devoir éminemment altruiste : embrasser le monde tel qu’il est, visible et invisible. Jusqu’à l’embarquer dans la langue et l’inventer meilleur. »
Mediapart