Des petits bals sans importance
Rico est là, sous la dalle, mort. Sa binette de gitan dégaine encore un sourire grinçant dans l’ovale sépia qui orne sa tombe. Il pleut. Rico est mort. De quoi ? On ne le saura pas. Ce qu’on apprend, par contre, c’est ce qu’il y a eu avant. Le narrateur, en selle, remonte sa vie à moto, comme une départementale sous la bruine, borne à borne, arbre après arbre. Une vie chaloupante de ballocheur à la petite semaine, celle de Rico. Une vie terne et éraillée d’accordéoneux errant qui titille l’ivoire de ses touches dans tous les bals perdus, une vie émaillée de vides, d’instants lourds, de regrets amers, de coups au menton et de fausses joies bien réelles.