Candidat (Le)
À 53 ans, en pleine gloire littéraire, Gustave Flaubert écrit Le Candidat. Dans cette « grande comédie politique », une fureur acerbe résonne contre les mondanités, la corruption et l’arrivisme. Rousselin, héros candidat en province, pris du « vertige de la députation », ne recule devant aucun sacrifice pour gagner l’élection, plus préoccupé par le titre que par la fonction. Il est tantôt conservateur, tantôt socialiste, puis se prétend libéral. Il offre femme et fille au mieux votant, travaille la phrase choc et recherche le geste « sincère » de celui qui a raison. Cette satire politique, qui vise tous les partis, offre un éclairage cinglant sur les hommes politiques d’hier et d’aujourd’hui. Le Candidat est bien le Dictionnaire des idées reçues en politique. L’écriture à la fois potache, rigolarde, teigneuse, violemment « anar », est dédaigneuse de toute politique politicienne, de la bêtise et de l’aspiration électoraliste de tous bords : « Élu-foutu », disait Flaubert. La préface d’Yvan Leclerc revient sur la passion qu’entretenait l’auteur pour le théâtre, sur la genèse de l’œuvre et sur l’étonnante modernité de ce pamphlet dirigé contre la rhétorique politique.
Gustave Flaubert (1821-1880), écrivain français, fut élevé dans le cadre de l’Hotel-Dieu de Rouen dont son père était médecin-chef (il y acquit « ce coup d’oeil médical de la vie » qu’il préconisera plus tard), il partagea l’exaltation romantique de sa génération et se passionna trés tôt pour la littérature, oscillant entre réalisme caricatural (Le Dictionnaire des idées reçues) et l’exaltation sentimentale (Les Mémoires d’un fou). Dans son oeuvre, ce qui importe c’est de « partir du réalisme pour aller jusqu’à la beauté ».