Au fil de Creil
Prix Populiste 2000 pour HLM, recueil de nouvelles déjà publié au
Castor Astral, le romancier Philippe Lacoche (qui connaît le succès
avec Des Rires qui s’éteignent, éditions Écriture) est avant tout reconnu comme nouvelliste.
Avec Au fil de Creil, il donne un aperçu de son savoir-faire en la
matière. Six nouvelles ancrées à Creil, ville de l’Oise, ville autant
picarde que ville de banlieue, ville méconnue qui, pourtant, possède
ses richesses patrimoniales et humaines. Ville qui l’a inspiré. Mais
qu’on ne s’y trompe pas : les six histoires de ce nouveau livre n’ont
rien de régionaliste ; elles sont universelles. Exemple : celle de
Roberte, dame mûre – ancienne maîtresse de Victor Bruges, écrivain
mythique, hussard élégant – qui fait la connaissance d’un jeune
auteur passionné, lui aussi, de l’homme de lettre adulé. Celle d’une
dentiste qui porte le nom d’une pin-up des seventies qui posait dans
Lui et Playboy ; elle faisait rêver le narrateur qui épuisait sa belle
santé d’adolescent à mater les formes voluptueuses de la dame sur les
posters des revues fétiches. La dentiste serait-elle cette pin-up qui
pourrait être Françoise Arnoul ou Catherine Rouvel ? Celle de
Prunelle, jeune femme fantasque qui s’est mis dans l’idée de se faire
fabriquer un soutien-gorge en bois sur mesure. Elle contacte un
menuisier de Creil, concupiscent et vicieux, qui la pelote. Prunelle se
rebelle ; ils se battent. Un incendie se déclare qui, à un téton près, eût
pu embraser la ville entière. Celle d’amours interdites qui débutent
par cette phrase prononcée en gare de Creil : « J’embrasse une
brosse. » Des histoires aussi cinglées que réjouissantes et brillantes.
Philippe Lacoche s’impose décidément comme un des tout meilleurs
nouvellistes français.