Le Marquis des stades
Tristan Bernard était de bonne famille mais de mauvaise composition. Du moins rechignait-il à considérer le travail comme quelque chose de prioritaire. Ce qui lui importait avant tout c’était de se moquer du monde en plaçant le dilettantisme au rang de vertu obligatoire et en raillant les travers de ses semblables avec constance. Dix romans, cent pièces, des milliers de chroniques et d’articles y suffirent à peine. Encore convient-il d’ajouter que le préposé à la satire mena son entreprise de démolition avec délicatesse. Prolixe et gai, Tristan Bernard (1866-1947) était d’abord désopilant. “ L’homme le plus spirituel de la terre ” d’après Léon Blum son ami et contemporain.
Au bout du bout, il est une seule chose que ce voltigeur prenait au sérieux : le sport. Cavalier, boxeur, cycliste, Tristan Bernard arbitra Georges Carpentier avec précision, dirigea le vélodrome Buffalo avec méthode et suivit le Tour de France avec enthousiasme. Une façon pour lui de donner le change ? “ Il y a dans tout écrivain, un sportman qui s’ignore. ” : entendez par là un créateur qui, trop souvent, se prend au sérieux et un athlète qui, trop facilement, s’estime dérisoire… Pour “ le champion de France de l’humour ” la tête ne pouvait aller sans les jambes et inversement. Cette anthologie (inédite) le prouve au détour de chaque page.