Conscience contre violence
Ce précieux document, victime des mystères de l’édition, était devenu introuvable depuis près de 50 ans ! À partir du conflit exemplaire entre Sébastien Castellion (1515-1563) et Calvin (chef d’une véritable « Gestapo des mœurs »), Stefan Zweig nous fait revivre un affrontement qui déborde de beaucoup son cadre historique. Cette cause nous concerne tous : liberté contre tutelle, humanité contre fanatisme, tolérance contre intégrisme. Tous ces mots ne font qu’exprimer le dilemme qui se pose pour chacun de nous : faut-il se prononcer pour l’humain ou le politique, pour la personnalité ou la communauté ?
Si Stefan Zweig finit de rédiger ce texte prémonitoire en 1936, en pleine montée du fascisme, il faut y voir un sens profond. En effet, comment ne pas faire le rapprochement entre la ville de Genève et l’Allemagne nazie, entre Calvin et Hitler, les sbires de Farel et les hordes hitlériennes ? Fanatisme religieux et résurgence des extrêmes droites doivent à nouveau nous ouvrir les yeux. Cet écrit polémique devient alors une charge d’une force redoutable et d’une actualité brûlante. Il s’agit d’une lecture de première urgence dans un contexte historique aux similitudes troublantes avec l’époque la plus tragique de l’histoire de l’humanité.
Traduit de l’allemand par Alzir Hella.
Stefan ZWEIG est né à Vienne en 1881. Il a tenté de se définir en tant qu’Autrichien, juif, écrivain, humaniste et pacifiste. Profondément marqué par la montée du nazisme, il émigre dès 1934 en Angleterre, puis au Brésil. Il s’est suicidé en compagnie de sa seconde femme à Pétropolis, en 1942. Écrivain protéiforme (romans, essais, biographies, journaux, etc.), il est l’auteur d’une œuvre colossale publiée essentiellement chez Belfond, Grasset et Stock, ainsi qu’au Livre de Poche. Citons Amok, La Confusion des sentiments, La Pitié dangereuse, Vingt-quatre heures de la vie d’une femme et Le Joueur d’échecs.